Grand Est : une économie sous tension, mais résiliente

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Grand Est : une économie sous tension, mais résiliente
Le Conseil régional de l’Ordre des Experts Comptables du Grand Est publie les indicateurs économiques régionaux, arrêtés au 30 septembre 2025.
Dans un environnement marqué par le ralentissement de la demande, la hausse des coûts et un climat politique incertain, les indicateurs consolidés du 3ème trimestre 2025 livrent une lecture contrastée de la situation économique dans le Grand Est.
Composée principalement de TPE et PME, la région affiche des signes de résistance encourageants dans un contexte marqué par la hausse des coûts, les tensions sur la trésorerie et une dynamique nationale dégradée.
En s’appuyant sur les données consolidées des déclarations de TVA (IMAGE PME), des études Altares sur les défaillances et des statistiques du CNAJMJ, le Conseil régional de l’Ordre des Experts-Comptables du Grand Est livre ici une photographie objective et réaliste de la conjoncture économique régionale.
Les indicateurs régionaux confirment une tension structurelle sur les petites entreprises, mais aussi une capacité d’adaptation notoire dans plusieurs filières. La donnée économique issue des déclarations de TVA constitue un outil précieux d’objectivation et d’anticipation pour les décideurs publics et privés. Il est de notre responsabilité de les transmettre et de les rendre accessibles au plus grand nombre.Catherine HANSSEN, Présidente du Conseil régional de l’Ordre des Experts-Comptables du Grand Est.

Les TPE-PME au cœur du tissu productif industriel

Avec plus de 41 000 TPE-PME réparties sur 10 départements, le Grand Est s’appuie sur un socle entrepreneurial diversifié, combinant industrie, commerce de proximité, construction et services. Ces entreprises de petite taille (souvent de moins de 10 salariés), fortement exposées aux variations de coûts et à la pression sur les marges, constituent la majorité du tissu économique régional.
Et pourtant, malgré un contexte national dégradé, l’indice ICA (chiffre d’affaires trimestriel) progresse de +0,4 % au 3ème trimestre 2025, à période équivalente en 2024. Ce léger rebond intervient après trois trimestres consécutifs de baisse. Sur les 9 premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires cumulé (ICAC) demeure cependant en retrait de -0,4 %, ce qui reste supérieur à la moyenne nationale de -0,7 %.

Des disparités flagrantes dans les dynamiques sectorielles

>> Stabilité pour les commerces alimentaires de proximité
Les commerces alimentaires spécialisés enregistrent une légère hausse du chiffre d’affaires : les bouchers-charcutiers affichent une augmentation de +1,6%, principalement soutenue par la hausse des prix, et la boulangerie-pâtisserie reste stable avec +0,2 %. Ceci ne reflète toutefois pas la baisse de consommation en volume.
Sur le plan national, les défaillances du commerce de détail alimentaire reculent légèrement (-6 %), bénéficiant d’une demande stable malgré des arbitrages de consommation des ménages.
>> Un certain recul pour l’hôtellerie - restauration
Dans le Grand Est, le secteur hôtelier recule de -2,7% au 30 septembre 2025. La restauration traditionnelle chute à -4% et les débits de boisson à -2,4%. Indéniablement, les freins à la consommation pèsent particulièrement sur la fréquentation de ces établissements. Une résistance partielle est à souligner pour la restauration rapide qui tire son épingle du jeu avec -1,7%.
En France, le secteur dit “CHR” enregistre 1.852 défaillances au 3ème trimestre, soit +3% par rapport à 2024. On assite donc à une forte polarisation du secteur, accélérée par la hausse des coûts d’exploitation et une érosion manifeste de la fréquentation.
>> Le commerce d’habillement fortement sous pression
Sans surprise, les commerces spécialisés dans l’habillement subissent une baisse continue de leur chiffre d’affaires, accentuée par le ralentissement de la consommation des ménages et de la concurrence du e-commerce international (fast-fashion, etc.). Le secteur accuse une chute de –5,6% depuis le début de l’année.
Bien que la chaussure montre des signes d’amélioration, globalement le secteur subit +5% de défaillance en France.
>> Entre sinistralité et providence ...
La pharmacie progresse à +4,8% et l’optique à +1,8%, sans doute porté par le sillage de la réforme “100% Santé”. La construction est toujours fragilisée par une baisse à -2,1%, avec des tensions plus marquées dans la maçonnerie et le gros œuvre, tandis que les activités d’intermédiations immobilières (agences, transactions ...) enregistrent une hausse de 11,6%, ce qui les place contre toute attente au rang des segments les plus dynamiques du Grand Est.
Enfin, les entreprises de coiffure voient leur activité en recul de -1,7% depuis le début de l’année 2025. Bien que le ticket moyen progresse, la hausse des coûts, notamment de l’énergie, continue de peser lourdement sur les marges. D’autant qu’un arbitrage dans les dépenses lié à l’inflation conduit les clients à espacer leur visite.

Une stabilité relative dans le Grand Est

Au 3ème trimestre 2025, la région Grand Est recense 907 défaillances, en léger recul de -0,4 % par rapport à 2024, contrairement à la tendance nationale qui affiche une hausse de +5,2 % . Cette évolution place le Grand Est parmi les rares régions en amélioration, avec la Bretagne et la Provence-Alpes-Côte d’Azur.
En cumul depuis janvier, 3.377 procédures collectives ont été ouvertes pour des entreprises ayant leur siège dans la Grand Est, représentant près de 7 % du total national. Sur douze mois glissants (octobre 2024 à septembre 2025), la France franchit le seuil de 69 600 défaillances, soit les niveaux de 2013-2015.
Près de 50.000 procédures collectives ont été ouvertes au niveau national au 6 octobre 2025, soit une hausse de +3,8 % sur les trois premiers trimestres 2025. Au total, à l’échelle nationale, environ 52.000 emplois sont menacés par ces procédures sur le seul 3ème trimestre, dont 20.600 rattachés à des entreprises en liquidation directe.
La relative stabilité économique du Grand Est, bien que fragile, traduit une capacité d’adaptation des entreprises face à la montée des charges et à l’instabilité des marchés. La vulnérabilité des acteurs économiques se concentre sur les TPE de moins de 10 salariés, qui portent l’essentiel du choc de trésorerie et de rentabilité.

A propos du Conseil régional de l’Ordre des Experts-Comptables du Grand Est

Le Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables du Grand Est regroupe 1 583 professionnels inscrits, répartis dans 10 départements et 3 sites régionaux (Strasbourg, Nancy, Reims). L’organisation représente 1 578 cabinets, 538 stagiaires, 30 élus et 13 permanents. La profession rassemble plus de 15.000 collaborateurs intégrés aux cabinets d’expertises comptables. L’instance participe à la transparence économique et accompagne les entreprises dans leur développement, leur conformité et leur adaptation aux mutations économiques.