StakeMap, un projet pionnier questionnant la gestion des eaux usées

Contact presse

StakeMap, un projet pionnier questionnant la gestion des eaux usées
L’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg (ENGEES) est chef de file du projet StakeMap, une étude scientifique et sociétale sur les micropolluants présents dans les eaux usées urbaines, centrée sur quelques stations d’épuration alsaciennes, dont celle de La Wantzenau, une des plus grandes de France.
En 2025, la question de la qualité de l’eau n’a jamais été aussi sensible. Ruissellement d’engrais et pesticides, résidus de médicaments, bactéricides, PFAS… Autant de polluants invisibles qui suscitent bien des questions.
Crédit Tim Mossholder - UnsplashCrédit Tim Mossholder - Unsplash
Dans ce contexte, l’Union européenne a adopté une nouvelle directive (2024/3019) imposant des normes beaucoup plus strictes pour le traitement des eaux usées urbaines. Si cette réforme marque une avancée majeure pour la santé publique et l’environnement, sa mise en œuvre nécessitera des investissements considérables, notamment pour équiper les stations d’épuration en technologies de traitement avancé. En France, la législation est encore loin d’être aussi contraignante en la matière.
Avec StakeMap, l’ENGEES et ses partenaires scientifiques (dont les laboratoires GMGM, ITES et LIVE) et professionnels (dont l’EMS et Suez) font figure de pionnière sur des sujets encore peu étudiés où scientifiques, pouvoirs publics, structures privées et citoyens doivent agir de concert.

Comprendre l’origine et la perception des micropolluants dans l’eau

StakeMap mobilise microbiologie, hydrogéologie et sciences sociales pour comprendre la présence des micropolluants dans l’eau et évaluer les risques perçus et réels, les systèmes de valeur des acteurs en présence et imaginer de nouveaux process opérationnels.
StakeMap s’intéresse aux polluants dits « émergents » présents dans les eaux usées – médicaments, biocides, produits phytosanitaires, microplastiques – qui ne sont pas tous mesurés et contrôlés du fait de la réglementation actuelle. Ces substances sont souvent difficilement soustraites de l’eau, persistent dans l’environnement et peuvent être à l’origine de phénomènes préoccupants, comme la résistance microbienne aux antibiotiques.
Le projet se concentre sur les stations d’épuration de Strasbourg et de sa métropole, en particulier La Wantzenau.
Crédit Eurométropole de StrasbourgCrédit Eurométropole de Strasbourg
StakeMap repose sur une démarche inédite à plusieurs niveaux :
- Cartographier les acteurs impliqués dans les flux de pollution : citoyens, industries, agriculteurs, collectivités, exploitants de stations, etc.
- Mesurer la pollution réelle : plus de 200 micropolluants, dont des produits phytosanitaires, des biocides et des résidus pharmaceutiques, vont être analysés dans les stations d’épuration de l’Eurométropole inclus dans l’étude.
- Étudier les résistances bactériennes aux biocides, sujet émergent et préoccupant, encore peu intégré dans le droit français.
- Croiser ces données scientifiques avec les perceptions sociales des risques liés aux eaux usées.

Une enquête citoyenne ouverte jusqu’à l’été 2025

Dans ce cadre, l’équipe de recherche a ouvert un questionnaire à destination du grand public pour recueillir les perceptions liées aux risques sanitaires, environnementaux et sociaux associés aux eaux usées.
🔗 Questionnaire en ligne : 📅 Date limite de réponse : fin juillet 2025
L’intérêt de StakeMap réside dans sa capacité à articuler les sciences expérimentales, humaines et sociales pour éclairer des problématiques encore peu prises en compte par les politiques publiques.Aude Zingraff-Hamed (ENGEES), référente interdisciplinarité et coordinatrice des 7 living labs de l’ITI Switch et Emilie Muller (GMGM), facilitatrice sur le living lab ‘station de traitement des eaux usées’.
Une réunion de restitution de cette enquête, organisée le 1ᵉʳ juillet 2025 à l’ENGEES, marquera également le lancement officiel du Living Lab WWTP. 

SWITCH : faire de Strasbourg un territoire pilote de la transition hydrologique

Le projet SkateMap financé par l’ENGEES est une des composantes de l’Institut Thématique Interdisciplinaire Durabilité de l'eau et des villes, SWITCH, créé en début d’année. Porté par l’Université de Strasbourg, l’ITI Switch a pour objectif de devenir une référence sur les sujets liés à la durabilité de l’eau de la ville.
Crédit Scott Rodgerson - unsplashCrédit Scott Rodgerson - unsplash
Stakemap est intégré à l’un des 7 Living Labs, projets interdisciplinaires actuellement financés par l’ITI Switch dans une logique de recherche partenariale et appliquée : le living lab WWTP est consacré au traitement durable des eaux usées dans un contexte urbain.
Ce Living Lab a pour ambition de promouvoir une collaboration synergique entre la recherche académique (CNRS, Université de Strasbourg, ENGEES), les organismes publics (Eurométropole de Strasbourg) et le secteur privé (Veolia) dans le cadre du continuum science-société. 
En adoptant une approche de co-conception de solutions innovantes, intégratives et interdisciplinaires pour améliorer la gestion et le traitement de l'eau, ce Living Lab se positionne comme un précurseur dans la réponse aux grands défis des stations d’épuration des eaux usées du XXIᵉ siècle.