L’ENGEES, chef de file scientifique du projet AgrIrak

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L’ENGEES, chef de file scientifique du projet AgrIrak
L’École Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg (ENGEES) est le principal opérateur scientifique depuis fin 2023 du projet AgrIrak, en partenariat avec l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et avec le soutien financier du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, pour le compte de l’Ambassade de France en Irak. Ce projet vise à structurer un partenariat scientifique et académique durable entre la France et l’Irak autour des problématiques d’usage agricole durable de l’eau. Un séminaire de clôture est prévu à Bagdad.

Un projet ancré dans les réalités du terrain

C’est une première pour l’ENGEES. Depuis fin 2023, l’Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg a été choisie comme opérateur scientifique sur deux composantes du projet Agrirak, mis en œuvre par l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) Moyen-Orient, avec le soutien financier du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères français, pour le compte de l'Ambassade de France en Irak.
Marwan Fahs, enseignant chercheur à l’ENGEES, spécialiste des questions hydrogéologiques, en assure la responsabilité scientifique, secondé par Kevin Del Vecchio, enseignant-chercheur à l’ENGEES, spécialiste des enjeux agricoles et de l’eau d’un point de vue politique et notamment expert de la politique marocaine de l’eau.
Le projet AgrIrak prend appui sur un constat partagé : le sud de l’Irak traverse une crise hydrique complexe, liée à la raréfaction de l’eau, à sa salinisation, à la dégradation des sols et à l’effondrement de certains écosystèmes tels que les marais mésopotamiens (Al-Ahwar). Les impacts sur l’agriculture, la santé publique, les déplacements de population et la stabilité socio-économique sont majeurs.
L’objectif du projet Agrirak est de renforcer les échanges scientifiques entre l’Irak et la France dans le domaine des usages agricoles durables de l’eau. Le projet vise à établir un réseau de recherche pérenne entre l’Irak et la France, amorçant la mise en place d’un réseau régional d’expertise spécialisé, et à renforcer les activités d’enseignement dans ce domaine en Irak.
Tatiana Mokhova (Unsplash)Tatiana Mokhova (Unsplash)
L’Irak constitue une grande partie du Croissant fertile historique, considéré comme le berceau du développement des premières communautés agricoles et de la domestication des plantes et des animaux, vers 10 000 av. J.-C. Le Croissant fertile est largement reconnu comme le premier endroit de l’histoire où l’on a cultivé le blé, l’orge, les pois, les lentilles et le lin, et où l’on a domestiqué des animaux tels que les moutons, les chèvres, les porcs et les bovins. Aujourd’hui, , le sud de l’Irak traverse une grave crise des ressources en eau, provoquée à la fois par le changement climatique et par les activités humaines.
Des études récentes indiquent que l’Irak a perdu près de la moitié de ses terres agricoles en raison de la sécheresse et des effets du changement climatique. Le projet Agrirak a pour objectif de créer un réseau de recherche durable entre l’Irak et la France et à proposer une refonte du cursus académique dans les domaines de l’eau et de l’agriculture. Cette initiative vise à renforcer les capacités du système de recherche et d’enseignement supérieur irakien afin de mieux répondre aux besoins de la société sur ces enjeux cruciaux.
Levi Meir Clancy (Unsplash)Levi Meir Clancy (Unsplash)

Une coopération scientifique structurée

L’ENGEES a coordonné la mise en place d’un réseau de recherche franco-irakien, réunissant une trentaine de chercheurs français et irakiens autour de 7 thématiques prioritaires, parmi lesquelles :
- la salinisation des eaux et des sols,
- les intrusions marines dans le Shatt al-Arab,
- l’évaluation des systèmes d’irrigation,
- l’impact du changement climatique sur les déplacements de population,
- la restauration écologique des marais du sud.
Un premier séminaire a eu lieu à Strasbourg en janvier 2024, suivi d’un second à Bassora en juillet 2024. Ces rencontres ont permis de créer des groupes de travail, chacun co-animé par des binômes franco-irakiens, aujourd’hui engagés dans la co-rédaction de publications scientifiques et la préparation de futurs projets de thèse.
Engees 2024Engees 2024

Repenser la formation agricole irakienne

La seconde composante du projet concerne la refonte des formations universitaires irakiennes en sciences agricoles afin de faire émerger les compétences professionnelles nécessaires à l’évolution des techniques d’irrigation agricole en Irak. Ce chantier vise à introduire une approche professionnalisante dans les formations proposées (niveau bachelor) par les Universités de Bassora et Thi Qar.
Sur ce volet, l’ENGEES dispose d’une expertise éprouvée sur des partenariats déjà menés au Maroc, en Azerbaïdjan ou encore au Liban.
Après une analyse des formations existantes, des sessions de formation pédagogique ont été organisées, dont une semaine en présentiel à l’ENGEES en février 2025, incluant :
- des visites techniques (lycée agricole d’Obernai, stations météo, plateformes expérimentales),
- des échanges avec des entreprises (serres climato-intelligentes) et des responsables pédagogiques,
- des discussions sur l’articulation entre la recherche et l’enseignement.
Les orientations proposées seront présentées lors du séminaire de clôture du projet, prévu en septembre à Bagdad.

Une action inscrite dans la durée

Au-delà du déroulement d’AgrIrak, le projet vise à instaurer une coopération scientifique et académique de long terme. Les premiers résultats montrent que les travaux engagés pourraient contribuer, à moyen terme, à :
- améliorer la gestion de l’irrigation,
- développer des solutions de désalinisation et de suivi des nappes,
- soutenir les politiques publiques de lutte contre la désertification et les migrations climatiques.
Pour l’ENGEES, ce projet illustre la capacité de la recherche appliquée à répondre à des problématiques concrètes, tout en consolidant ses collaborations internationales et l’expertise de ses chercheurs sur les questions d’eau et d’environnement.