Face aux défis de l’eau, l’ARIA Alsace se mobilise ...

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Face aux défis de l’eau, l’ARIA Alsace se mobilise ...
Consciente des défis majeurs que représente l’eau pour l’avenir de l’agroalimentaire, l’ARIA Alsace a décidé de prendre le sujet à bras-le-corps. À l’occasion de son Assemblée Générale qui s’est tenue fin mai 2025 à l’ENGEES (École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg), l’association a placé cette ressource vitale au centre des échanges.
C’est l’un des défis environnementaux cruciaux de ces prochaines années : l’eau, vitale pour le vivant, est une ressource menacée. Qualité, quantité, accès... autant d’enjeux qui nécessitent une vraie prise de conscience et une réponse adaptée. L’ARIA Alsace en a fait son cheval de bataille.
Le coût de l’eau, comme le coût de l’énergie il y a quelques années, sera un sujet demain, soyons prêts !Sébastien Muller, Président de l’ARIA Alsace, également Vice-président de l’ANIA et Vice-président du Réseau des ARIA de France.
Une dynamique de rapprochement est en cours avec deux acteurs clés de l’eau en France : le pôle de compétitivité Aquanova et l’ENGEES. L’objectif est de bâtir un partenariat structurant pour mieux accompagner les entreprises agroalimentaires alsaciennes dans la transition hydrique, face à des pressions environnementales, économiques et réglementaires de plus en plus fortes.
A l’occasion de son assemblée générale, l’ARIA Alsace a organisé une table ronde intitulée « L’eau au cœur de l’industrie agroalimentaire » qui a réuni quatre experts de référence :
✔️ Jean-Marc Willer, directeur de l’ENGEES
✔️ Michel Fick, président du pôle de compétitivité Aquanova
✔️ Christophe Leblanc, directeur général adjoint de l’agence de l’eau Rhin-Meuse
✔️ Dominique Baudendistel, président des Brasseurs d’Alsace.
Jean-Marc WILLER -  Directeur de l’ENGEES à StrasbourgJean-Marc WILLER - Directeur de l’ENGEES à Strasbourg

Une ressource sous pression, un modèle à réinventer

Jean-Marc Willer a ouvert les échanges en rappelant la singularité de l’Alsace, qui abrite la plus grande nappe phréatique d’Europe. Une richesse naturelle précieuse, mais fragile, confrontée à des enjeux croissants de disponibilité, de qualité, et de gouvernance dans un contexte de fort changement climatique. Il a souligné la nécessité de renforcer les passerelles entre le monde académique de l’eau et les besoins concrets de l’agroalimentaire, un secteur encore trop peu connecté à ces enjeux malgré sa forte dépendance.
Michel Fick a présenté la stratégie du pôle Aquanova, articulée autour de quatre axes : la sobriété hydrique, la qualité de l’eau, la valorisation des données environnementales, et l’adaptation des territoires. Il a insisté sur l’importance de l’innovation collaborative et sur la mutualisation des solutions pour prévenir les tensions d’usage et accroître la résilience de l’écosystème industriel.
Les membres industriels de l'ARIA AlsaceLes membres industriels de l'ARIA Alsace

Des industriels confrontés à une équation complexe

Dominique Baudendistel a témoigné de l’engagement des brasseries alsaciennes pour réduire leur consommation d’eau, illustrant par l’exemple de la Brasserie Licorne, qui a diminué son ratio de consommation de 6 à 3,5 litres d’eau par litre de bière. Des investissements conséquents ont été réalisés pour moderniser les équipements et adopter des démarches écoresponsables. Toutefois, ces efforts se heurtent à une équation économique complexe, aggravée par une hausse brutale des redevances sur l’eau. Dans son entreprise, la facture annuelle liée à cette redevance est passée de 12.000 à 150.000 euros, une évolution brutale et peu adaptée aux réalités industrielles.
Cette augmentation s’explique par la réforme votée dans la loi de finances 2024, dont l’application a démarré au 1er janvier 2025. Elle prévoit une nouvelle architecture des redevances pour les différents usages de l’eau. Les exploitants agricoles utilisant l’eau potable sont désormais soumis à plusieurs redevances cumulées (consommation, performance eau potable/assainissement, prélèvement), sans possibilité d’exonération pour les volumes inférieurs à 6.000 m³ par an, comme c’était le cas auparavant. Pour les irrigants utilisant des ressources naturelles, comme les rivières ou les forages, un nouveau tarif s’appliquera dès la campagne 2025, passant de 4,71 à 10 euros pour 1.000 m³ pompés.
Les Brasseurs d'Alsace sont confrontés aux enjeux de l'eauLes Brasseurs d'Alsace sont confrontés aux enjeux de l'eau

L’agence de l’eau appelle à une nouvelle équité

Christophe Leblanc a rappelé que ces mesures s’inscrivent dans un effort de rééquilibrage du financement du plan national pour l’eau entre les différents usagers. Il a toutefois insisté sur l’existence d’aides financières significatives, à hauteur d’un milliard d’euros sur six ans, allouées aux projets permettant une réduction mesurable des pollutions ou une amélioration des pratiques. L’agence encourage également la réutilisation des eaux usées et une coopération renforcée entre les secteurs, notamment entre agriculture et agroalimentaire.
Assemblée Générale 2025 de l'ARIA AlsaceAssemblée Générale 2025 de l'ARIA Alsace

Vers une feuille de route collective en Alsace

Forte de son ancrage territorial et de sa connaissance fine des enjeux de filière, l’ARIA Alsace veut désormais coconstruire une feuille de route dédiée à l’eau avec ses partenaires techniques et institutionnels. Il s’agit d’aider les entreprises agroalimentaires à anticiper les nouvelles contraintes, sécuriser leur approvisionnement, financer leurs investissements et innover pour conjuguer compétitivité et responsabilité environnementale.
Yvelise SCHAEFFER - Déléguée générale de l'ARIA AlsaceYvelise SCHAEFFER - Déléguée générale de l'ARIA Alsace

Bilan 2024 et perspectives 2025 pour l’ARIA Alsace

L’année 2024, date anniversaire des 30 ans de l’association, a été marquée par une dynamique de croissance soutenue pour l’ARIA Alsace. Douze nouvelles entreprises ont rejoint l’association depuis le début de l’année 2024, venant renforcer un réseau qui compte désormais 120 membres, dont 97 % sont des TPE, PME ou ETI. Le secteur agroalimentaire représente aujourd’hui le premier secteur économique du Bas-Rhin et le deuxième en Alsace, avec une contribution essentielle à la vitalité du territoire.
La marque collective “Savourez l’Alsace” poursuit sa progression, avec plus de 4000 produits désormais labellisés. L’ARIA Alsace reste également très engagée dans la structuration des filières et la défense de la souveraineté alimentaire régionale. “Pas d’agroalimentaire sans agriculture !” rappelle son président Sébastien Muller, dans un contexte où la loi EGALIM3 doit faire l’objet d’une meilleure application pour garantir la juste rémunération des producteurs.
Ange Loing - Président de la Chambre d'Agriculture d'AlsaceAnge Loing - Président de la Chambre d'Agriculture d'Alsace
Pour 2025, plusieurs projets structurants sont en ligne de mire. L’association prévoit de célébrer les 10 ans du programme des “Escales Alsaciennes” avec de nouvelles escales emblématiques telles que la Distillerie Lehmann et le Domaine des Bufflonnes créées en 2024. Sur le plan international, l’ARIA Alsace mise sur un projet, DINAII GMS Export, pour relancer une dynamique d’exportation collaborative vers l’Allemagne, qui reste le principal débouché des produits alsaciens. L’objectif est d’accompagner entre 10 et 12 PME d’ici à 2026, en facilitant les prises de contact avec la grande distribution allemande et en soutenant des opérations de promotion comme des “semaines alsaciennes” en magasin.
Enfin, le recrutement demeure un enjeu central pour les entreprises agroalimentaires régionales. L’ARIA Alsace soutient la nouvelle plateforme nationale lagrorecrute.fr, animée par le Réseau des ARIAs de France, conçue pour valoriser les métiers de la filière et attirer les talents au sein des entreprises locales, et la semaine nationale de l’emploi alimentaire (du 3 au 7 novembre 2025).
Sébastien MULLER - Président de l'ARIA AlsaceSébastien MULLER - Président de l'ARIA Alsace